Ascension
Jeudi 13 juin 2024
Chers frères, chères sœurs,
Nous commémorons aujourd’hui l’Ascension de Jésus-Christ un évènement signifiant pour chacun d’entre nous. Nous glorifions sans cesse Son retour vers cet univers de gloire supra universel et prééternel dans lequel Il séjournait jusqu’à Sa manifestation en chair dans le Royaume où gouvernent le Père, le Fils et le Saint Esprit participant d’une même essence divine et inséparable.
Notre Seigneur Jésus-Christ est monté au Ciel, Il a élevé la nature humaine vers les profondeurs de la vie spirituelle et du Royaume éternel, et il s’agit bien de la chair et du sang de l’homme. Il est monté au Ciel en tant qu’homme, en tant que Jésus. Cet évènement, chers frères, chères sœurs, a pour nous une immense portée. Nous savons tous que notre passage sur cette terre est bref et que nos vies prennent des tournures bien différentes. Une chose reste immuable et valable pour tous : viendra un jour où nous quitterons ce monde et tout ce qu’il y a dans ce monde. Notre voie, notre Patrie, notre lieu véritables ne sont pas là, sur terre mais là où le Seigneur est allé. Dieu n’a pas créé l’homme pour qu’il souffre et pour qu’il périsse mais pour qu’il connaisse la gloire éternelle.
Il peut nous sembler qu’en montant au Ciel le Seigneur abandonne ses disciples et ses apôtres. Il n’en est rien. Avant Sa passion, lors de Son dernier entretien avec eux le Seigneur disait, - Je vais vous quitter mais vous ne serez pas orphelins car Je reviendrai vers vous. Le Seigneur Ressuscité est, en effet, revenu vers ses disciples. « Touchez moi et rendez vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai », écrit Saint Luc. Le Seigneur a rejoint ses disciples ni comme un esprit, ni comme un spectre mais comme un homme fait de chair. L’Ascension de Notre Seigneur n’a pas interrompu cette communion ! Les liens spirituels sont restés intacts. Cela aussi est une immense victoire car lorsqu’il nous faut nous séparer, lorsque nous ne voyons plus, ne pouvons plus sentir la présence physique de quelqu'un qui nous est cher cette privation est pour nous un grand malheur. Le deuil de nos proches, de nos aimés est pour nous une source de grandes souffrances. Nous prions pour leurs âmes immortelles et la prière fait que nous restons en communion avec nos défunts.
Etant monté au Ciel le Christ n’a pas abandonné ses disciples, nous chantons dans le kontakion de ce matin « Je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous ». Le Seigneur apparaissait à ses disciples et à ses apôtres ainsi qu’à ceux qui le suivaient, Il répondait à leurs prières, Il restait immuablement à leurs côtés. Des liens particuliers se tissèrent en Jésus et eux tous après qu’Il soit monté au Ciel. Ces liens ont subi une transfiguration lorsque le Saint Esprit est apparu à nouveau. Ces liens ont un nom et ce nom est « Eglise ».
Qu’est-ce l’Eglise du Christ ? Qu’est-ce la réunion des hommes à la gloire de Dieu ? Selon l’une des définitions l’Eglise du Christ est le Corps du Christ. Aussi, le plus important dans notre vie en Eglise est la communion au Sang et au Corps du Christ. Nous communions avec Dieu d’une manière immédiate lorsque nous sommes en Eglise, nous sommes avec Lui. Ceci est à la limite du compréhensible pour une personne non ecclésialisée.
La fête de l’Ascension est marquée par une présence eucharistique toute particulière car nous sommes témoins du mystère de la Communion avec le Corps du Christ. Du Corps même qui a été tourmenté sur la croix, qui a souffert. Et qui s’est élevé au Ciel dans la gloire. Lorsque nous communions, nous participons aux souffrances du Seigneur. Ainsi qu’à la gloire dans laquelle Il réside dans l’éternel Royaume de la sainte Trinité.
Tous nous devons, dans notre âme, notre esprit, notre cœur aspirer à gagner ce Royaume. Il nous faut chercher ce qui nous rapproche de Dieu, de sorte à éviter, dans le tumulte des jours, à fixer ce qui est au ras du sol. Pris par nos soucis, n’oublions jamais de lever les yeux au Ciel et d’élever une prière. Les pesanteurs du quotidien ne doivent pas nous servir d’alibi. Souvenons-nous des apôtres fixant le ciel, des anges vinrent pour leur dire « Galiléens, qu’êtes-vous là à fixer le ciel ? ». Or, ils ne pouvaient détourner leurs regards du Ciel que venait de joindre le Seigneur ainsi que du nuage qui L’avait emporté. Ce ciel, ces nuages n’étaient pas le ciel et les nuages que nous observons. C’était une porte ouverte donnant sur l’éternel Royaume des Cieux dont il est dit qu’il est hors du temps, hors de ce monde, que c’est le Royaume de la Grâce, de la lumière et de la béatitude éternelle. Il a été donné aux apôtres un regard et une connaissance fulgurants de ce Royaume.
Notre regard spirituel, chers frères et sœurs, nos regards spirituels doivent être tournés vers le Royaume des cieux.
Que le Seigneur nous permette a tous d’y accéder !
Amen
Pentecôte
Dimanche 23 juin 2024
Chers Frères et Sœurs en Christ,
Ce dimanche, dimanche de la Pentecôte, est un jour immense. L’Esprit Saint, le Consolateur, descend sur les Disciples et Apôtres du Christ dans la chambre haute, où ils séjournaient à Jérusalem en compagnie de Marie la Sainte Mère de Jésus et d’autres, dans l’attente de Sa venue.
Et lorsque vint ce jour, lorsque soudain retentit du ciel un fracas semblable à celui d’une bourrasque de vent, lorsque ce bruit remplit toute la maison où les disciples et les Apôtres étaient assis, lorsque l’Esprit Saint vint se poser sur chacun d’eux sous forme de langues de feu, alors ils furent saisis de sa présence (Actes 2,1-4), ils furent remplis de sagesse et de force, ils sortirent du lieu où ils se cachaient et ils commencèrent à haranguer la foule qui, dans sa stupeur, ne savait plus que penser tandis qu’elle les entendait proclamer les merveilles de Dieu dans chacune des langues étrangères présentes.
Dimanche donc de la Pentecôte ! Un miracle immense pour toute la création. Le don de l’Esprit Saint a toujours été la plus grande promesse du Nouveau Testament et voici qu’elle se réalise aujourd’hui même. L’Esprit Saint descend sur les Disciples et les Apôtres et fait d’eux des prédicateurs inégalés et des pêcheurs d’hommes.
Ils s’en allèrent donc de par le monde entier ; ils réduisirent au silence la très sage et très savante Athènes ; ils mirent à genoux la très puissante et très conquérante Rome ; ils portèrent la Bonne Nouvelle de l’Evangile jusqu’aux extrémités les plus extrêmes de la terre. Et pour finir, la Nef non construite par des mains d’hommes qu’est l’Eglise déploya ses voiles et prit son élan sur l’étendue de la mer de nos vies pour sauver les hommes, soutenue de manière constante et ininterrompue jusqu’à la fin des temps par la Grâce de l’Esprit Saint, son souffle, son guide et son protecteur.
L’évangile de Saint Jean que nous lisons ce matin au cours de la Divine Liturgie se rapporte à la fête des Tentes à Jérusalem. Il nous décrit tout particulièrement ce qu’il advint le dernier et huitième jour des festivités, auxquelles avait pris part aussi Jésus.
Rappelons très brièvement que cette fête est l’une des plus importantes du judaïsme. Elle dure une semaine. Elle est célébrée partout dans le monde. Elle rappelle la réception de la Loi sur le Mont Sinaï par Moïse, la sortie d’Egypte et plus précisément les quarante années au cours desquelles les Hébreux vécurent dans le désert en route vers la Terre Sainte, guidés par Moïse. Dans le désert ils s’abritaient dans des tentes ou des huttes provisoires. D’où le rappel de cet événement majeur de l’histoire du Peuple juif. Plus tard s’y ajouta la célébration de la fin des récoltes, durant laquelle, là aussi, on dressait dans les vignes des petites cabanes et des huttes de branchages où l’on y résidait le temps des vendanges. C’est pourquoi le nom de « fête des Tentes ».
Si, de nos jours, la fête des Tentes est très populaire et très appréciée, c’était aussi le cas dans l’Antiquité. Elle était peut-être honorée comme la fête la plus importante de toutes et pour cette raison la Bible en général et le passage du jour de Saint Jean en particulier l’appellent « la fête » sans plus de précision. C’est aussi ce que prétend l’historien juif Flavius Josèphe qui vécut au 1er siècle de notre ère et qui la considère comme « la fête la plus sainte et la plus grande » (in Antiquités juives 8,100 ).
La coutume voulait que le dernier jour, le peuple se rendait en très grand nombre à la piscine de Siloam pour y puiser abondamment de l’eau – des quantités et des quantités d’eau – dans une atmosphère de très grande liesse. Selon les dires d’un historien, « si quelqu’un désire voir ce qu’est la vraie joie, il suffit qu’il s’y trouve à ce moment-là ; qu’il expérimente en lui ce qu’est la joie de la joie » !
Avec le temps, à cette manifestation de joie s’ajouta peu à peu une autre dimension. Elle devint comme l’expression d’un grand défi en attente, le défi de la venue de l’Esprit Saint. Et c’est cela que les Juifs signifiaient sans doute en puisant une immense quantité d’eau, que les prêtres et le peuple déversaient sur l’Autel des Holocaustes, car l’eau est un don de Dieu, un symbole mystérieux et indispensable pour la sauvegarde de la vie sur terre.
Jésus choisit donc ce dernier jour de la fête, pour s’adresser debout à la foule. « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture » (7,37-38). Le sens de ces paroles est clair. D’une part, l’effusion du Saint Esprit est conditionnée par la foi en Jésus. D’autre part, le Saint-Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en Lui, sera donné quand la présence visible des Jésus aura été retirée de ce monde. Or à ce moment-là « l’Esprit Saint n’avait pas encore été donné parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (7, 39), autrement dit qu’Il n’était pas encore monté au ciel.
L’être humain a soif de Dieu. Il a soif de vie éternelle, il a soif d’amour, il a soif de bonheur, il a soif de bonté, il a soif de tous ces biens que Dieu lui avait confiés dans le jardin de l’Eden. Mais après le chute originelle et son renvoi du paradis, l’homme remit son destin dans d’autres mains, dans celles de l’erreur, du mensonge et de l‘oubli. Il s’enfonça ainsi dans une épaisse nuit, de laquelle seul il ne pouvait trouver aucune issue pour se libérer de l‘esclavage mortel du Malin.
Pour cette raison le Christ vint sur terre. Par sa passion, sa mort sur la croix et sa Résurrection, par le fait qu’il est allé au bout de son amour pour l’homme, Il lui a fait don de la vie éternelle. Le Christ est pour chacun son espérance parce que c’est de Lui, glorifié dans sa mort vivifiante, que va se répandre sur le monde l’Esprit Seigneur, l’Esprit de Vérité, le Donateur de Vie. Nous ne pouvons pas vivre avec Jésus ressuscité si nous ne commençons pas par l’Esprit Saint. Le don de l’Esprit est au commencement de tout, il contient tous les dons, il est Lui-même le don.
« Je suis, dit le Christ à la fin de notre lecture de Jean, la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (8,12). Mais pour que nos yeux s’ouvrent à cette lumière, Il nous faut un « complice » de notre cœur qui nous enseignera le Christ en nous.
Et ce complice, c’est bien l’Esprit Saint, Source de la vie que rien ni personne ne peuvent nous ravir ; Lui, le Consolateur, dont la présence nous anime de la vraie joie de vivre à l’intérieur même de toutes nos blessures ; Lui, le trésor de toute grâce qui nous apprend à vivre dans l’authentique action de grâce ; Lui qui fait tomber tous les barrages, qui supprime toutes les lignes de démarcation qui sont la suspicion, la susceptibilité, la division, tout ce qui fait le monde de la mort en nous ; Lui enfin qui dilate nos cœurs dans la communion parce qu’Il est réellement l’amour du Père, réellement la source qui jaillit du côté du Christ transpercé par son amour.
Chers Frères et Sœurs en Christ,
Sans l’Esprit Saint, Jésus, et tout ce qu’Il a fait pour nous, peut nous émerveiller mais n’est qu’un souvenir.
Sans l’Esprit Saint, l’Evangile est un très beau programme mais il reste un programme, extérieur à notre conscience.
Sans l’Esprit Saint, notre vie n’est que dispersion extérieure ; nous ne sommes alors que des machines plus ou moins bien montées, en un mot des robots mais non l’image transparente de notre Dieu.
Sans l’Esprit Saint enfin, notre relation à autrui – et notre existence est faite de relations – ressemble à celle du monde de Babel où, même si l’on parle la même langue, règne la division, l’incommunication.
Tout particulièrement ce jour où nous commémorons le saint et grand événement de la Pentecôte, levons les mains au ciel et demandons à Dieu qu’Il nous envoie son Esprit Saint. Et qu’il en soit ainsi pour nous tous ensemble et pour chacun en particulier. Amen !
Source : Homélie, Église Orthodoxe d'Estonie
Dimanche de tout les Saints
Dimanche 30 juin 2024
La fidélité extraordinaire
Nous fêtons tous ceux qui se sont unis à Dieu jusqu’à devenir rayonnants de sa sainteté par la puissance du Saint-Esprit. Nous les célébrons parce que leurs vies sont des icônes vivantes de ce que signifie pour un être humain participer à la nature divine par la grâce. Beaucoup ont enduré d’horribles tortures jusqu’à la mort parce qu’ils refusaient de renier le Christ. D’autres se sont privés de nourriture, certains ont accepté les insultes et les abus tout en pardonnant à leurs bourreaux. Les martyrs et les confesseurs refusent de nier l’existence de Dieu, indépendamment des sévices physiques dont ils sont victimes.
La fidélité ordinaire
Nous pouvons également nous demander si nous reconnaissons Dieu chaque jour dans nos vies, devant nos amis. Nous pensons peut-être que la vraie fidélité doit être spectaculaire. La plupart d’entre nous a du mal à être fidèle même dans ses épreuves de chaque jour. Or nous pouvons nous unir au Christ dans les défis les plus courants auxquels nous sommes confrontés. La sainteté ne se produit pas uniquement dans les quatre murs de l’église ou de manière dramatique. Si nous voulons suivre le Christ, nous pouvons également apprendre à voir les possibilités infinies proposées par le saint Esprit dans notre vie quotidienne. Nous pouvons apprendre à faire de petits sacrifices, de petits dons de soi, et un jour nous aurons peut-être la force d’en faire de plus grands.
La fidélité en amour et en amitié
Il n’y a rien de mal, bien sûr, à aimer nos parents ou nos enfants ! Mais si nous voulons devenir rayonnants de la sainteté de Dieu, il est essentiel de n’avoir qu’un seul Dieu et de le garder au premier plan. Nous devons nous rappeler que nos parents, nos enfants sont des dons de Dieu. Son amour est le fondement de tout amour. Dieu est notre Père et nous sommes fils et filles de Dieu avant tout. Dieu nous confie les uns aux autres pour que nous prenions soin les uns des autres mais sans jamais oublier que sans Dieu, il n’y a ni parents, ni enfants. De même, nous avons des amis qui ne partagent pas notre foi. Il n’est pas question de les condamner, mais nous devons résister à la faiblesse de cacher notre foi, dans ce que nous disons et faisons, afin d’obtenir leur amitié. Nous pouvons être fiers de Dieu, ne pas avoir honte de dire que nous croyons en lui, que nous prions, que nous allons à l’église, qu’Il est notre meilleur ami.
Fidèles est notre nom
Les fidèles sont ceux qui, incorporés au Christ par le Baptême, sont établis membres du Peuple de Dieu : une seule et même famille. Lorsque nous consacrons notre temps, notre énergie et notre attention à servir le Christ, son Église et notre prochain, en qui Il est présent, nous exerçons notre rôle de fidèle. Même lorsque nous le faisons de manière apparemment ordinaire, c’est ainsi que, nous aussi, nous pouvons rejoindre ce grand nuage de témoins qui sont devenus rayonnants de la sainteté de notre Seigneur. Rien de dramatique ni de spectaculaire n’est requis, mais seulement une fidélité sincère à Dieu et à ses commandements.
Source : Sagesse-orthodoxe.fr