La foi orthodoxe
Symbole de foi (de Nicée-Constantinople)
Je crois en un seul Dieu, Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre, et de toutes choses visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles;
Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait.
Qui pour nous, hommes, et pour notre salut, est descendu des Cieux, S’est incarné du Saint-Esprit et de la Vierge Marie et S’est fait homme.
Qui a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli; qui est ressuscité le troisième jour selon les Écritures; qui est monté au Cieux et siège à la droite du Père; qui reviendra en gloire juger les vivants et les morts et dont le règne n’aura pas de fin.
Et en l’Esprit Saint, Seigneur, Donateur-de-vie, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes.
En l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. J’attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen.
L'héritage des sept conciles
Dieu est devenu Homme pour que l'homme devienne Dieu en Lui.
Au mystère de la Trinité s'accorde le mystère de la vocation humaine.
Le cœur de l'homme aspire à l'union à Dieu.
Le Credo (Symbole de foi) de Nicée-Constantinople.
«Nous préservons, incorrompue, la doctrine du Seigneur, et adhérons à la foi qu'il nous a donnée, nous la gardons intacte de toute souillure et amoindrissement, comme un trésor royal et un monument de grand prix, n'ajoutant rien et ne retranchant rien.» Ce rappel de la lettre de nos patriarches, rédigée en 1718, nous résume d'emblée ce qui caractérise bien l'Église orthodoxe, à savoir son immuabilité dans la proclamation et l'affirmation de la vraie foi, sa détermination à rester fidèle à la tradition, son sens de la continuité vivante avec les Églises des temps anciens et son devoir de transmettre cet héritage intact aux générations futures.
Le mot Orthodoxie, selon l'étymologie grecque, provient de orthos, qui signifie «droit», et de doxa, qui veut dire «opinion, jugement, estime, gloire». Les Pères grecs utilisent le mot Orthodoxie pour désigner l'Église; ils entendent par ce terme manifester la louange dans la Vérité. Le mot Orthodoxe est donc synonyme de vraie foi et vraie gloire (ou vrai culte). C'est pourquoi les Orthodoxes sont convaincus que leur Église est dépositaire de la vraie foi qui glorifie Dieu comme il doit l'être, et la considère comme l'Église du Christ sur la terre. L'exigence, donc, de l'Église orthodoxe est d'être «l'Église une, sainte, catholique [c'est-à-dire universelle] et apostolique» (voir le Symbole de foi), autrement dit non pas une Église exotique ou orientale, mais simplement chrétienne. La plus importante profession de foi de tous les conciles œcuméniques est le Credo de Nicée (325) - Constantinople (381), dont le 6ème Concile (680) confirmera le caractère d'autorité en tant que «règle de foi» la plus parfaite. Lu lors de chaque célébration eucharistique tout comme chaque jour à l'office de minuit et des complies, il confesse donc solennellement les dogmes chrétiens qui, avec les Saintes Écritures, possèdent une autorité irrévocable et permanente en tant que définitions doctrinales des Conciles œcuméniques.
Sacrements
Les sacrements sont appelés «mystères» à cause de la dualité de ce qui est visible (signe extérieur) et invisible (grâce spirituelle) dans chaque sacrement. L'Église compte sept sacrements :
+ Baptême
+ Chrismation
+ Eucharistie
+ Confession
+ Ordination (par imposition des mains)
+ Mariage
+ Onction des malades
Il faut noter qu'il existe d'autres actions qui possèdent un caractère sacramentel :
+ La prise d'habit monastique
+ La bénédiction des eaux lors de la fête de la Théophanie de Notre Seigneur
+ L'office des funérailles
Dans l'Église orthodoxe, aujourd'hui comme aux premiers siècles, les trois sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, chrismation et eucharistie) sont étroitement liés. Un Orthodoxe, sans distinction d'âge, qui devient un membre du Corps du Christ, en reçoit en même temps tous les privilèges. Le baptême est conféré par triple immersion.
La liturgie habituelle des dimanches et des jours de semaine est celle de saint Jean Chrysostome. Sont aussi utilisées les liturgies de saint Basile le Grand, de saint Jacques frère du Seigneur ainsi que la liturgie des Présanctifiés pendant les jours de semaine du grand Carême, à l'exception des dimanches, du Jeudi saint et du Samedi saint. Il s'agit d'une liturgie sans consécration, lors de laquelle la communion est donnée avec des éléments consacrés le dimanche précédent.
Le sacrement de l'onction des malades (en grec euchelaion, huile de prière) apporte non seulement la guérison du corps, mais aussi de l'esprit (par le pardon des péchés; cf 1 Jacques V, 14-15). Ce sacrement est destiné à n'importe quel malade, quelle que soit la gravité de sa situation. En outre, tous les chrétiens orthodoxes le reçoivent une fois l'an pendant la Semaine sainte. Pour le Père Serge Boulgakoff (L'Orthodoxie, p. 162), ce sacrement a deux faces : l'une tournée du côté de la guérison, l'autre du côté de la délivrance de la maladie par la mort.
Icônes
L'icône est un moyen de connaître Dieu et de s'unir à Lui. Elle ne peut donc se définir comme un élément décoratif, ni seulement comme une illustration de l'Écriture. Au contraire, elle fait partie intégrante de la liturgie, qui nous rend accessibles Dieu par la beauté. Dieu, en effet, ne s'est pas uniquement fait entendre, Il s'est aussi fait voir; Il s'est fait Parole et Visage. L'Incarnation du Christ fonde l'icône et l'icône montre l'Incarnation. «Je n'adore pas la matière; mais dans l'icône, dit saint Jean Damascène, j'adore le Créateur de la matière qui, à cause de moi, est devenu matière et par là m'a sauvé».
Représenter le Christ, c'est aussi représenter les membres de son Corps ecclésial : l'icône ne nous montre pas seulement Dieu qui se fait homme, mais aussi l'homme qui se fait Dieu. Ce qui sera ainsi vrai du visage du Christ le deviendra de même du visage de l'homme quand l'Esprit le remplira; autrement dit, l'icône nous fait pressentir la déification de la personne humaine et la sanctification de l'univers, c'est-à-dire la vérité des choses et des êtres : sa symbolique est toujours au service de la personne; elle s'intègre, en la manifestant, à la plénitude de la communion.
«Ce que le livre (les Saintes Écritures) nous dit par le mot, l'icône nous l'annonce par la couleur et nous le rend présent» (Concile de Constantinople de 680) : fenêtre ouverte sur le Royaume de Dieu, l'icône supprime ainsi toute illustration pure et simple car elle ne dessine jamais le Transcendant, elle ne «le chosifie pas»; mais au contraire elle dessine la présence. Et tout converge vers le seul rappel : il n'y a pas de vie éternelle hors du Christ et de ses sacrements. L'icône enfin nous rappelle que le témoignage de l'Esprit doit devenir aujourd'hui non seulement service, mais art. L'art de s'unifier dans «cet œil de notre cœur» qui décèle en tout être humain la chance de la Beauté du Visage de Dieu en l'homme, seule capable de déchiffrer le visage de tout homme en Dieu et cela parce que l'Inaccessible vient à nous pour nous atteindre à travers tous les visages et toute la beauté du monde.
Métanoïa
La spiritualité orthodoxe ignore l'acquisition des mérites. Pour l'Orthodoxie, grâce et liberté humaine se manifestent simultanément : le don de Dieu, puis le libre choix de l'homme de l'accepter, de l'intégrer dans sa vie. Donc, grâce et liberté ne peuvent être conçues l'une sans l'autre et comme la grâce de Dieu ne peut habiter dans les hommes qui fuient leur salut, la vertu humaine n'est pas non plus suffisante pour élever à la perfection les âmes étrangères à la grâce (saint Grégoire de Nysse).
Pour l'Orthodoxie, la sainteté est participation à la présence divine et le saint est un pénitent, un pécheur toujours plus conscient d'être le premier des pécheurs et par-là même ouvert à la grâce. La vie de la sainteté est donc celle du repentir, qui est la seule porte de la grâce (saint Isaac le Syrien). Toute la spiritualité orthodoxe passe par la métanoïa et toute la technique de la prière est greffée sur celle-ci. Ce mot grec englobe et dépasse la notion courante du repentir, parce qu'il désigne surtout le retournement de l'esprit comme moyen conscient de l'existence personnelle. L'homme avait construit le monde autour d'un moi individuel ou collectif, la projection de l'amour de Dieu sur son ego, sur son moi. Avec la métanoïa, l'homme met l'absolu au centre de son existence. L'absolu, c'est Dieu, et dès cet instant il découvre sa propre misère, il explore ses abîmes qui sont peuplées de monstres, il implore la grâce qui oriente vers la foi et l'espérance, non vers le néant. C'est tout ce retournement de l'être dès l'instant où soi, esprit, en grâce de l'absolu, prend conscience objectivement de sa misère.
L'homme devient alors réceptacle de la grâce, qui entraînera le cœur durci de l'homme à fondre dans les larmes, ce don qui rappelle l'eau purificatrice du baptême. Toute expérience spirituelle, dans l'Orthodoxie, qui ne passe pas par le don des larmes, est incomplète, parce que justement, cela veut dire que l'homme n'a pas fait toute la démarche qu'il devait faire pour que son cœur de pierre, ce cœur dur et insensible, devienne un cœur de chair, un cœur sensible à la grâce de Dieu. Dès l'instant où l'homme atteint ce degré de la métanoïa, ni le repentir ni les larmes ne cesseront, mais à travers ce repentir et ces larmes viendra la joie. Très souvent nous retrouvons dans les textes orthodoxes le terme de «bienheureuse affliction» pour désigner cet état spirituel.