Nativité de la Très Sainte Vierge Marie
Dimanche 8 septembre 2024
Par Jivko Panev
Notre Dieu créa l’homme et le plaça dans le Paradis pour qu’il ne se préoccupe que de cultiver le bien et de contempler Dieu seul par ses oeuvres. Mais, par la jalousie du diable, qui séduisit Eve, la première femme, Adam tomba dans le péché et fut exclu du Paradis de délices. Par la suite, Dieu donna sa Loi aux hommes par Moïse et fit connaître Ses volontés par les Prophètes, en préparation d’un bienfait plus grand: l’Incarnation de Son Fils unique, le Verbe de Dieu, qui devait nous délivrer des filets du Mauvais. En assumant notre nature, le Christ voulait participer pleinement à notre condition déchue, hormis le péché: car Lui seul est sans péché, étant Fils de Dieu. C’est pourquoi Dieu Lui prépara une demeure immaculée, une arche pure, la très Sainte Vierge Marie, qui, bien qu’elle fût elle-aussi soumise à la mort et à la condamnation de nos premiers parents, fut élue par Dieu depuis l’origine des âges pour être la nouvelle Eve, la Mère du Christ Sauveur, la source de notre rédemption et le prototype de toute sainteté chrétienne.
Son père s’appelait Joachim. Il descendait de la tribu royale de David par la branche de Nathan, son fils. Nathan engendra Lévi, Lévi engendra Melchi et Panther, Panthère engendra Barpanther, père de Joachim. Anne, l’épouse de Joachim, descendait elle-aussi de la tribu royale; car elle était la petite-fille de Mattha, lui-même petit-fils de David par Salomon. Mattha épousa une certaine Marie de la tribu de Juda, et ils donnèrent naissance à Jacob, le père de Joseph le charpentier et à trois filles: Marie, Sobée et Anne. Marie donna naissance à Salomée la sage-femme; Sobée à Elisabeth, la mère du Précurseur, et Anne à la Mère de Dieu, Marie, qui portait ainsi le nom de sa grand-mère et de sa tante. Elisabeth et Salomée, les nièces d’Anne, étaient donc les cousines de la Mère de Dieu.
Selon une divine économie, et pour montrer la stérilité de la nature humaine avant la venue du Christ, Dieu avait laissé Joachim et Anne sans progéniture jusqu’à un âge avancé. Comme Joachim était riche et pieux, il ne cessait de s’adresser à Dieu par la prière et de Lui offrir des présents,pour qu’Il les délivre, lui et son épouse, de leur opprobre. Un jour de fête, alors qu’il s’était présenté au Temple pour déposer son offrande, un des fidèles s’adressa à lui en disant: «Il ne t’est pas permis de présenter ton offrande avec nous, car tu n’as pas d’enfant». Alors, le coeur ulcéré, Joachim ne rentra pas chez lui, mais se retira dans la montagne, seul, pour prier et verser des larmes devant Dieu. Pendant ce temps, Anne versait elle aussi d’abondantes larmes et élevait de ferventes supplications vers le ciel, dans son jardin. Notre Dieu, riche en miséricorde et plein de compassion, entendit leurs supplications et envoya auprès d’Anne l’Archange Gabriel, l’Ange de la bienveillance de Dieu et l’annonciateur du salut, pour lui annoncer qu’elle allait concevoir et donner naissance à un enfant, malgré son âge, et que l’on parlerait de cette progéniture par toute la terre. Elle répondit, pleine de joie et de surprise: «Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si j’enfante soit un fils, soit une fille, je le consacrerai au Seigneur mon Dieu, pour qu’il Le serve tous les jours de sa vie». Joachim, lui aussi,reçut la visite d’un Ange qui lui ordonna de se mettre en chemin avec Ses troupeaux pour rentrer chez lui et se réjouir avec sa femme et toute leur maison, car Dieu avait décidé de mettre fin à leur opprobre.
Or, neuf mois étant passés, Anne enfanta. Elle demanda à la sage femme: – «Qu’ai-je mis au monde?» Celle-ci répondit: – « Une fille. » Et Anne reprit: – «Elle a été glorifiée en ce jour, mon âme!» Et elle coucha délicatement l’enfant. Les jours de la purification de la mère exigés par la Loi étant accomplis, elle se releva, se lava, donna le sein à son enfant, et lui donna le nom de Marie: le nom qu’avaient attendu confusément les Patriarches, les Justes et les Prophètes, et par lequel Dieu devait réaliser le projet qu’il tenait caché depuis l’origine du monde.
De jour en jour, l’enfant se fortifiait. Quand elle eut six mois, sa mère la posa à terre, pour voir si elle tiendrait debout. Marie avança alors de sept pas assurés, puis revint se blottir dans le giron de sa mère. Anne la souleva en disant: «Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, tu ne fouleras plus ce sol avant que je ne t’emmène au Temple du Seigneur. » Et elle établit un sanctuaire dans la chambre de l’enfant, où rien de vil ni de souillé par le monde n’entrait. Et elle fit venir des filles d’Hébreux de race pure, pour jouer avec l’enfant.
La première année de la petite étant écoulée, Joachim donna un grand festin. Il invita des Prêtres, des scribes et les membres du Conseil, et tout le peuple d’Israël. Joachim présenta aux Prêtres la petite fille, ceux-ci la bénirent en disant: «Dieu de nos pères, bénis cette petite fille et donne lui un nom qui soit nommé éternellement et par toutes les générations. » Et tout le peuple répondit: «Qu’il en soit ainsi, qu’il en soit ainsi! Amen!» Joachim la présenta aussi aux princes des Prêtres. Ceux-ci la bénirent en disant: «Dieu des hauteurs sublimes, abaisse Ton regard sur cette petite fille, et donne lui une bénédiction suprême, une bénédiction à nulle autre pareille!»
Sa mère emporta Marie dans le sanctuaire de sa chambre et lui donna le sein, en adressant au Seigneur Dieu cette hymne: «Je veux chanter au Seigneur mon Dieu une hymne, parce qu’Il m’a visitée et qu’Il a écarté de moi l’outrage de mes ennemis. Car le Seigneur m’a donné un fruit de Sa justice, cette justice qui est une et multiple tout ensemble. Qui annoncera maintenant aux fils de Ruben qu’Anne est Mère? Apprenez, apprenez, vous les douze tribus d’Israël, qu’Anne est mère!» Puis elle posa l’enfant dans la chambre du sanctuaire, sortit et alla servir les invités, qui se réjouissaient et louaient le Dieu d’Israël. (Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras).
Source : https://orthodoxie.com/8-septembre-nativite-de-la-tres-sainte-mere-de-dieu/
Exaltation de la Sainte Croix
Samedi 14 septembre 2024
Le 14 septembre, dès siècles durant, lorsque la Fête de l'Élévation de la Croix était célébrée dans les cathédrales, l'évêque prenait sa place au centre de l'église et, entouré d'un grand nombre de ses clercs, élevait majestueusement la croix bien haut, au-dessus de la foule, et bénissait les fidèles aux 4 coins de l'église, pendant que le choeur laissait éclater sa réponse, comme un tonnerre : "Seigneur, prend pitié"! [Kyrie eleison!]
C'était la célébration de l'empire Chrétien, un empire né sous le signe de la Croix en ce jour où l'empereur Constantin-le-Grand eu la vision de la Croix haut dans le ciel et entendit les paroles "Par ce signe tu vaincras!" ["In hoc signo vinces!"]. C'est la fête du triomphe du Christianisme sur les royaumes, cultures et civilisations, la fête de ce monde Chrétien qui est en ruine à présent, continuant à s'effondrer sous nos propres yeux.
Oui, cet ancien et solennel rite sera à nouveau célébré cette année. Le chœur chantera encore avec joie que "la Croix est la puissance des rois, la Croix est la beauté de l'univers." Mais aujourd'hui, la tumultueuse grande ville entourant l'église ne participe pas à ce triomphe caché, et en est complètement déconnectée. Ses millions d'habitants mèneront leur vie habituelle, avec ses hauts et ses bas, ses intérêts, ses joies et ses peines, sans la moindre référence à quoique ce soit de ce qui sera en train de se dérouler dans le bâtiment de l'église.
Pourquoi donc alors continuons-nous à répéter les paroles parlant de triomphe universel, et chantons et rechantons sans cesse que la Croix est invincible? Hélas, nous devons admettre que beaucoup, beaucoup trop de Chrétiens sont incapables de répondre à cette question. Ils sont habitués à voir l'église en exil et en marge de la vie, exilée de la culture, de la vie, des écoles et de tout et de partout.
Nombre de Chrétiens sont satisfaits et ne s'en font pas lorsque les autorités civiles leur permettent, avec condescendance, "d'observer leurs rites" pour autant qu'ils se tiennent calmes et obéissants, et qu'ils n'interfèrent en rien dans la construction d'un monde où il n'y aurait ni le Christ, ni la foi, ni la prière.
Ces Chrétiens fatigués ont presqu'oublié que le Christ a dit, la nuit où Il s'en alla vers la Croix : "Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais courage! J'ai vaincu le monde" (Jean 16,33).
Dimension historique
Le Christ est au milieu du temps, de l’Histoire. Les prophètes Moïse et Élie signifient la première partie de l’histoire universelle, marquée par le don de la Loi et la mission des prophètes ; la deuxième moitié de l’Histoire est marquée par le ministère des apôtres. Le Christ est à l’interface des deux. Mais Il coiffe également par sa position en hauteur ces deux temps ; Il est le Seigneur des uns et des autres. Comme le dit l’Apocalypse, Il est l’Alpha et l’Oméga.
Dimension biblique
Placé entre la Loi et les prophètes, et suivi par les apôtres, le Christ valorise par sa personne divine et son humanité divinisée l’unité de l’Alliance. Il est Celui qui accomplit tout, sans opérer d’opposition ou de substitution du nouveau à l’ancien. L’icône de la Transfiguration atteste l’unité de la Bible, de la Genèse aux Actes des apôtres. Elle montre en Jésus – le Verbe incarné, la Parole en Personne – la Torah faite Homme et reconnue comme telle par Moïse et Élie. Avec ceux-ci le Verbe parle de son exaltation à Jérusalem, par sa Passion et son Ascension à la droite du Père.
La grâce
En son humanité resplendissante, le Seigneur Jésus montre le règne de la grâce et la nature exacte du Salut : non pas une spiritualité désincarnée, mais la pénétration de la matière, du corps en particulier, par la grâce ou « énergie » incréée. Ceci a été développé par les théologiens orthodoxes notamment depuis saint Grégoire Palamas et permet l’interprétation réaliste des sacrements. Le mystère de l’Eucharistie, par exemple, peut être décrit, non par une « transsubstantiation », mais par la « transfiguration » des éléments créés – le pain et le vin – en Corps et en Sang du Dieu Homme. La grâce incréée irradie des espèces consacrées et les manifeste pour ce qu’elles sont – en conformité avec les paroles prononcées par le Verbe : « ceci est mon Corps…mon Sang… ». Cette même grâce transfigure les yeux de ceux qui croient afin qu’ils voient, comme les apôtres sur le Thabor, l’humanité transfigurée de Jésus dans l’offrande eucharistique. Les Pères rapportent cet évènement à l’action du saint Esprit.
La théologie
L’évangile et l’icône de la Fête décrivent une montée à la suite du Christ et l’aboutissement de cette ascension dans la contemplation. La connaissance de Dieu dépend, non d’un raisonnement humain, mais de l’amour, de la foi et de l’obéissance du disciple qui suit le Maître jusqu’au moment où celui-ci choisit de se révéler à lui, de lui apparaître tel qu’Il est. C’est pourquoi la voie de la connaissance est appelée « théologie mystique ». L’Esprit accompagne l’ascension théologique, révèle Jésus comme image parfaite du Père, suivant la parole « qui voit le Fils voit le Père ». L’évènement de la transfiguration sur la Montagne révèle l’identité réelle de Jésus Christ : le Fils dans lequel le Père se reconnaît totalement par l’Esprit saint.
Source: https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Exaltation-de-la-Croix-vivifiante_a408.html