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Stained Glass

Actualités du mois de Mai 2023

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Dimanche du Paralytique

Dimanche 7 mai 2023

Au Nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit.
Christ est ressuscité !
Donc aujourd’hui, mes frères et sœurs bien-aimés, nous célébrons le jour du Seigneur qui est consacré au miracle du retour à la santé, de la guérison de l’homme paralysé, le premier des trois dimanches prochains où les miracles ont du rapport avec l’eau, l’eau étant dans le langage des saintes Écritures une image de la grâce divine.


Et nous voyons l’homme paralysé, paralysé depuis trente-huit ans, auprès de la piscine, attendant année après année le mouvement de l’eau, attendant qu’un ange descende dans cette piscine, autour de laquelle il y avait cinq portiques, sous lesquels s’abritaient une multitude de malades; beaucoup, beaucoup de malades, souffrant de toutes sortes de maladies, attendant cette occasion où l’ange viendrait et agiterait les eaux, où le premier à y entrer serait guéri.


Un grand miracle fut servi là dans cette piscine. Bien sûr un miracle beaucoup plus grand, beaucoup plus grand, est servi chaque fois qu’un chrétien orthodoxe est baptisé. Car voyez, cette piscine seulement guérissait une personne une fois de temps en temps. Mais ces fonts baptismaux de l’Orthodoxie ont donné naissance, et libération, et guérison des conséquences de la maladie ancestrale. Le péché ancestral d’Adam et d’Éve est guéri dans chaque enfant comme il sort des fonts baptismaux, dans lesquels il est fait un qui n’attend plus sa mort, mais qui attend sa vie. La personne qui a été baptisée à la manière orthodoxe, cette personne n’est plus un candidat à la mort et à la destruction, mais plutôt il a fait un commencement, il est né dans ce royaume de l’Église, là à travailler à son salut en Jésus Christ par les saints sacrements, et d’être pris à la fin de sa vie, non pas à la mort, mais à la vie. Des millions de personnes ont été guéries; des millions de personnes ont reçu le don de leur force; des millions de personnes ont été libérées par les fonts baptismaux de la sainte Orthodoxie.


Pourtant nous regardons avec admiration cet homme qui pendant trente-huit ans a souffert de cette terrible maladie, et il est devenu pour nous un symbole de patience. Cette patience est une grande vertu. Quelle est sa grandeur ? Notre Sauveur a dit : Par la patience vous posséderez votre âme. Par la patience vous surmonterez tout, tous les obstacles, toutes les difficultés; par la patience vous posséderez la plus précieuse des choses, ce qui est votre propre âme. Ayez patience.


Et c’est ainsi que nous nous accrochons à toute occasion et à tout exemple pour la patience, afin que nous puissions apprendre comment être patient.


C’est un peu une coïncidence, bien qu’en vérité il n’y ait pas de coïncidences, que demain au calendrier mensuel de l’Église orthodoxe, nous commémorons la mémoire de ce saint de l’Ancien Testament qui est devenu l’image par excellence de la patience, et c’est Job. Job qui était un fidèle serviteur de Dieu et qui était très riche. Il avait des troupeaux, il avait de l’or, il avait des maisons, il avait des propriétés, il avait tout. Et il avait cette chose la plus précieuse de tout : il avait une famille, une femme et des enfants. Et le diable avait de la malveillance, comme le diable a toujours de la malveillance contre tout serviteur fidèle de Dieu. Et il est allé, et il a eu une conversation avec le Tout-puissant, et il Lui dit : Bien sûr Job est très, très bon; Job est très fidèle à Toi maintenant; il a tout. Il n’y a pas de problème dans sa vie; il a des richesses, il a une famille, il a une réputation, il a tout. S’il venait à perdre ces choses, je vais Te dire ce qu’il ferait. Il arrêterait d’être Ton serviteur fidèle. Et Dieu, parce que Dieu connaissait Job, Dieu a créé Job, Dieu a fait Job, Il savait exactement quelle matière Job avait en lui – Dieu dit : Vas-y, fais ce que tu veux, veille à ne pas toucher à sa vie. Et effectivement, en très peu de temps Job perdit tout. Il perdit sa fortune; il perdit ses propriétés; il perdit ses troupeaux; il perdit ses serviteurs; il perdit sa maison; il perdit ses enfants qui moururent.


Et lui qui vivait auparavant comme un roi dans un palais en fut réduit à être assis sur du fumier, sur un tas de compost, avec rien sur lui sauf ses haillons, et avec son corps marqué par des ulcères et des plaies terribles. Et sa femme perdit aussi patience, et dans son désespoir lui dit : Pourquoi ne maudis-tu pas Dieu, qui a permis que tout cela t’arrive, maudis-Le et meurs. Au moins cela sera fini, au moins tu n’auras plus à souffrir. Mais Job, ce pilier de force et de patience, répondit : Je sais que mon Rédempteur est vivant. Je suis arrivé nu dans ce monde, et sûrement je partirai nu, mais mon Rédempteur est vivant, mon Dieu est vivant, et je sais que même quand je mourrai, même quand ma propre vie me sera enlevée, il me ressuscitera.
Et il a résisté à toutes les railleries de sa femme et de ses amis, jusqu’à ce que notre Seigneur vit et dit : Regarde. C’est l’homme dont tu attendais qu’il me maudisse parce qu’il est tombé dans le malheur. Sa gloire est encore plus grande.


Et Dieu lui rendit tout, lui rendit le double, le double de tout ce qu’il avait eu. Le double de ses maisons, de sa fortune, de ses troupeaux, de ses serviteurs, tout, et Dieu rendit ses enfants, mais pas le double. Ses enfants lui furent rendus exactement le même nombre qu’il avait avant la catastrophe. Pourquoi ? Parce que les autres enfants étaient encore vivants; ils étaient dans l’autre monde. Donc il avait le double de ses enfants, c’est seulement qu’il ne les avait pas tous dans le présent, mais ils furent tous ressuscités quand notre Sauveur est descendu aux enfers et a libéré les âmes de ceux qui étaient tenus là captifs par la puissance de la mort, dont les liens ont été brisés par la Résurrection. Par l’éclair de la Résurrection de Jésus Christ, tous ceux-là, les justes de l’Ancien Testament ont été ressuscités.

Mais aujourd’hui nous célébrons et rappelons cet autre pilier de patience, l’homme qui fut guéri à la piscine des brebis. Patience, vraiment patience. Trente-huit ans malade, et quelque étranger vient et le regarde et dit : Veux-tu être guéri ? Moi, je n’ai pas de patience, aucune. Et j’ai une jalousie, si vous voulez, et je suis toujours ému, parce que je sais comment j’aurais répondu à cette question. Avec tout le sarcasme et l’amertume à ma disposition, j’aurais répondu aussi vertement que je sache à une telle question. Me voici trente-huit ans dans cet état et Tu me demandes si je veux être guéri ? … et quelques choses en plus probablement. Mais voyez la réponse de cet homme, la gentillesse, la douceur, la docilité que je souhaiterais avoir quand je suis raillé, quand je suis irrité par quelqu’un. Seigneur, je n’ai personne qui, quand l’eau est agitée, peut me prendre et m’y jeter. Mais pendant que je me traîne vers le bord de la piscine, quelqu’un d’autre peut-être en meilleure santé que moi descend dans la piscine et il est guéri, et je reste comme je suis. Si seulement tous parmi nous, si seulement moi, je pouvais répondre comme ça quand je suis irrité par quelqu’un, quand quelqu’un me pose une question évidente, quand quelqu’un me trouve de mauvaise humeur.


Car vous savez que le christianisme, ce n’est pas seulement à propos de comment arriver aux cieux. La voie du christianisme qui mène aux cieux commence ici sur la terre. Et nous devons apprendre comment nous conduire et comment être des chrétiens ici sur la terre. Déjà dans l’Ancien Testament nous apprenons : Une réponse douce détourne la fureur. Si nous pouvons répondre doucement, et si la personne à qui nous répondons doucement ne sera pas offensée, pensant que nous traitons cette personne avec condescendance, car nous sommes tous prisonniers de nos passions.


Je n’ai personne, dit l’homme paralysé. Et saint Jean Chrysostome vient et dit : Qu’est-ce que tu veux dire, tu n’as personne ? Qu’est-ce que tu veux dire, tu n’as personne ? Vois, Dieu s’est fait homme pour toi. Lui qui est Un de la Trinité a assumé la chair et toute ton humanité, et Il est là pour te sauver. Ne dis pas que tu n’as personne, car Dieu a incliné les cieux pour toi, et n’a pas envoyé un ange pour agiter les eaux, mais plutôt Lui-même est venu.


Mes frères et sœurs bien-aimés, cet homme paralysé fut guéri ce jour-là par Lui qui est Un de la Trinité. Il accepta de Dieu sa guérison. Car qu’est-ce que nous dirions à propos de cet homme s’il avait eu l’occasion de recevoir la guérison et s’il l’avait refusée ? Que dirions-nous de quiconque est paralysé et n’accepte pas sa guérison ? Que dirions-nous de quiconque avait devant lui un médecin qui peut le guérir de sa paralysie, et néanmoins a du mépris pour le médecin ?


Cet homme paralysé est chacun de nous qui est paralysé par des mauvaises habitudes. Car l’habitude est une chose terrible. Nous avons bâti des habitudes diverses dans nos vies, et nous leur avons permis de devenir une seconde nature. Comme nos ancêtres sages nous le disent : l’habitude est une seconde nature, et nous voici avec ces choses qui sont devenues des habitudes pour nous, et nous sommes paralysés par elles, par les passions, par les colères, par les ressentiments, par notre gloutonnerie, par notre suralimentation, par notre excès de boisson, par nos péchés charnels, par les ressentiments que nous éprouvons l’un pour l’autre. Ces ressentiments – quelle chose terrible sont-ils. Je les connais, parce que je les ai vus dans ma propre famille. J’avais de la famille, un frère et une sœur qui sont morts ne se parlant pas pour une question d’un bout de terrain. Ce n’était même pas un bon bout de terrain. Il était rocailleux, il y avait des cactus, et c’était tout. Mais parce que l’un l’avait et l’autre ne l’avait pas et disait qu’il devrait l’avoir, ils sont morts ne se parlant pas.


Aussi terrible que soit la paralysie physique, aussi horrible que soit la paralysie des membres de nos corps, tellement plus horrible est la paralysie des habitudes.


Les saints pères dans beaucoup de leurs œuvres nous exhortent à lutter contre cette paralysie, afin que nous puissions élever nos mains à la prière, afin que nous puissions étendre nos mains pour donner l’aumône, afin que nous puissions nous lever et aller à l’église, et aller visiter les malades. Je me souviens d’un passage particulièrement frappant dans un des pères : Maintenant, pendant que tu peux te lever de ton lit, va à la divine Liturgie où sont les chrétiens, parce qu’il viendra un temps quand tu ne pourras pas te lever de la boite où ils t’ont mis. Maintenant, pendant que tu peux lever ta main et faire le signe de la croix, et que tu peux étendre ta main et donner l’aumône, fais-le, parce qu’il viendra un temps quand tu seras lié par ton linceul, et tu ne pourras pas le faire. Maintenant, pendant que tu peux marcher, visite les malades, va à l’église, parce que encore ton linceul t’empêchera ce jour-là. Pendant que tu peux dire ces mots bénis des prières, dis-les, prie, parce qu’il viendra un temps quand ta mâchoire sera liée – comme ils le faisaient dans ces temps-là pour les morts – ta mâchoire sera liée et tu ne pourras pas parler, et tu ne pourras pas prier.


Mes frères et sœurs bien-aimés, vous êtes tous témoins de ces merveilleuses, merveilleuses choses que Jésus Christ a faites pendant la Semaine Sainte, les choses qu’il a souffertes pour nous, les choses qu’il a subies pour notre salut. Savez-vous que la seule chose qui peut rendre la volonté de Dieu et la grâce de Dieu inopérantes, c’est nous ? Dieu, qui fait se lever le soleil, qui nous apporte les nuages et la pluie, qui fait pousser les grands arbres, qui peut faire transporter les montagnes avec des tremblements de terre, Il est impuissant si notre libre arbitre ne coopère pas avec la volonté de Dieu. Dieu est rendu impuissant par notre paralysie, par nos mauvaises habitudes. Ce n’est pas Dieu qui ne veut pas notre salut. C’est nous qui nous interposons dans notre salut.


Par conséquent, mes frères et sœurs bien-aimés, profitant de cette occasion dans chacun de nous – car nous nous connaissons nous-mêmes – nous nous trompons quand nous disons que cela est mon caractère, c’est comment je suis, c’est comme ça que Dieu m’a fait – à Dieu ne plaise un tel blasphème. Dieu ne fait d’aucun une personne accablée par les passions. Nous nous faisons nous-mêmes comme ça. Que Dieu nous donne la force d’avouer que nous sommes paralysés par nos propres mauvaises habitudes, et qu’Il nous apprenne à aimer l’opposé de ce qui nous paralyse, nous apprenne à aimer la modération, nous apprenne à aimer la paix, nous apprenne à aimer la tranquillité, nous apprenne à aimer le soin en toutes choses, afin que cette paralysie soit déliée. Et aussi sûr que cette homme pouvait faire son propre lit et le prendre et marcher, ainsi nous serons libres de cette paralysie terrible qui nous a empêché de donner toute notre mesure comme Chrétiens.
Qu’il en soit ainsi, de crainte que nous soyons coupables de rendre sans bénéfice la Passion, la Mort, et la Résurrection de Jésus Christ à cause de notre obstination.


Par les intercessions du saint prophète Job, de cet homme béni qui fut aujourd’hui guéri de trente-huit ans de paralysie, par son exemple, que nous puissions apprendre la patience, et que nous puissions être libres de la paralysie de nos mauvaises habitudes, par la Passion, et la Mort et la Résurrection de Jésus Christ notre Seigneur, qui avec son Père et le saint Esprit est adoré de manière orthodoxe par les chrétiens orthodoxes. Amen.

Père Anthony Gavalas (Source: http://orthodoxievco.net/ecrits/antony/paralytique.htm)

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Dimanche de la Samaritaine

Dimanche 14 mai 2023

Corruptible était l'eau que tu cherchais, ô femme,
et tu puises l'eau vive où tu blanchis ton âme !


La raison de cette fête, c'est que le Christ en ce jour confesse clairement qu'Il est le Messie, c'est-à dire l'Oint (messa, en hébreu, c'est l'huile). Et c'est pourquoi la présente fête a trouvé place dans la semaine de la Mi-Pentecôte. En outre, le dimanche précédent, le Christ opérait un miracle à la Piscine probatique. Ici, c'est au puits de Jacob que Jésus S'entretient avec une femme, ce puits que Jacob lui-même a fait creuser et qu'il a donné à son fils Joseph. Le lieu était d'importance, car près du mont Somôr les Samaritains habitaient de nombreuses villes. Le Christ entra donc à Sichar, là où Jacob avait habité jadis, avec sa fille Dina et ses autres enfants. Sichem, le fils de Emmor le Horrite (Hamor le Hivvite), l'ayant désirée, fut avec elle en lui faisant violence. A la suite de quoi ses frères, courroucés et indignés, sortirent aussitôt contre la cité, où ils tuèrent tous les mâles, y compris Sichem et son père Emmor. Quant à Jacob, il demeura en ce lieu et y creusa le puits en question.


Ce ne sont pas les Samaritains qui habitèrent les premiers cette montagne, mais des Israélites qui, s'étant détachés du vrai Dieu sous le règne de Phakéias (Peqahya), lors de la prernière et de la seconde invasion des Assyriens, devinrent leurs tributaires. Et peu de temps après, sous le règne d'Osias, ils payèrent tribut aux Ethiopiens (aux pharaons de la dynastie éthiopienne). Ce qu'ayant appris, le roi des Assyriens les fit déporter à Babylone et donna l'ordre à diverses nations d'habiter en ce lieu. Mais Dieu envoya des lions contre ces étrangers. Lorsqu'il l'apprit, le roi des Assyriens leur envoya un prêtre, choisi parmi les déportés juifs qui étaient encore à Babylone, afin qu'ils adoptent les rites de Yahvé. Aussitôt, ils abandonnèrent leurs idoles et reçurent les seuls livres de Moïse, à l'exclusion des Prophètes et des autres Ecritures. Et ils furent appelés Samaritains, à cause du mont Somôr. Ils étaient haïs des Juifs (qui rentraient à peine de la déportation), parce qu'ils observaient seulement la moitié du judaïsme, et les Juifs ne mangeaient pas avec eux, les jugeant répugnants. C'est pourquoi, à plusieurs reprises, ils traitèrent le Christ de Samaritain, comme quelqu'un qui libérait du légalisme, précisément comme les Samaritains.


Il arrive donc à Sichar et, fatigué de la route, Il s'assoit, aux environs de la sixième heure. Une femme vient de la ville pour puiser de l'eau, les disciples étant partis acheter de la nourriture. Jésus lui demande de l'eau. Celle-ci met en avant le fait de la ségrégation, car elle L'a reconnu à l'accent et au costume. Jésus l'élève au niveau de l'eau spirituelle, qu'Il montre inépuisable et purificatrice, car l'Esprit est toujours comparé au feu et à l'eau. La femme, persuadée qu'Il n'a pas cette eau, du fait qu'Il n'a pas porté de seau, ajoute que le puits est profond. Et elle amène la conversation sur le Patriarche Jacob, puisque c'est lui qui a creusé le puits, que lui et ses descendants y ont bu, et elle lui attribue la richesse de cette source, qui d'ailleurs est agréable et fraiche. Le Christ, cependant, ne dit pas qu'Il est plus grand que Jacob, pour ne pas effrayer la femme ; mais il revient sur le thème de son eau, dont il expose la superiorité : celui qui en boira n'aura plus jamais soif.


La femme dernande de cette eau. Alors, Il lui dit d'appeler son mari, parce que plus apte à réfléchir aux arguments donnés. Mais elle prétend n'avoir point de mari. Celui qui sait tout lui répond: Tu dis bien, car tu en as eu cinq, comme le prescrit la Loi; et ce sixième que tu as maintenant, puisqu'illégalement tu vis avec lui, n'est pas ton mari. Certains ont pensé que les cinq maris, c'est le Pentateuque de Moïse, qu'ont reçu les Samaritains ; le sixième, ce sont les paroles mêmes du Christ, qu'elle n'avait pas encore épousées, car la grâce ne lui avait pas été communiquée. D'autres pensent qu'il s'agit des lois données par Dieu : celle du Paradis, celle d'après le bannissement, celle de Noé, celle d'Abraham et celle de Moïse ; la sixième, c'est l'Evangile, qu'elle n'avait pas. Et il y en a qui disent qu'il s'agit des cinq sens.


La femme Lui répond en lui donnant le titre de Prophète. Puis elle L'interroge sur l'endroit où Il convient d'adorer : au Somôr ou à Jérusalem ? Car les Samaritains, dans leur imperfection, pensaient que Dieu n'était pas partout, mais qu'Il demeurait seulement là où Il était adoré, à savoir sur le mont Garizim, parce qu'on y donnait les bénédictions de Sa part ou parce qu'Abraham y avait le premier érigé un Autel en Son honneur. De la même façon les Juifs disent à leur tour: C'est à Jérusalem seulement qu'il faut adorer l'unique Dieu; aussi pour les fêtes s'y rassemblent les Juifs de partout. Le Christ répond que des Juifs vient le salut du monde. Pourtant, dit-Il, Dieu est par nature immatériel, et Ses vrais adorateurs ne L'adorent déjà plus par des sacrifices, mais en l'Esprit et dans la vérité, reconnaissant ainsi que Dieu n'est pas seul, mais qu'Il est dans l'Esprit Saint et dans le Fils, qui est la Vérité. La femme dit encore : Nous avons appris des Ecritures que viendra un Messie, qui est le Christ. Jésus, connaissant les bonsnes dispositions de cette femme, Lui dit : C'est Moi ! Car les Samaritains eux aussi étaient informés au sujet du Messie, grâce aux livres de Moïse, en particulier là où il dit: «Le Seigneur Dieu fera surgir un Prophète au milieu de vous» et en d'autres endroits.


La conversation touchant à sa fin, arrivent aussi les disciples, qui s'étonnent de l'extrême condescendance avec laquelle le Maître parle avec la femme. En attendant, ils L'invitent à manger, tant à cause de la fatigue que de la ternpérature élevée. Et Il leur parle de la nourriture éternelle, c'est-à-dire du salut des hommes, leur disant qu'ils doivent moissonner ce qu'a produit le labeur des Prophètes.


Or, la femme ayant couru vers la ville raconter ce qui lui était arrivé, tous les habitants se lèvent et marchent vers le Christ, persuadés que la femme ne se serait pas accusée elle-même si elle n'avait reconnu quelque chose d'important. Ayant prié le Christ de demeurer chez eux, ils Le persuadent de rester au moins deux jours. Pendant son séjour, Il fit de très nombreux miracles qui, à cause de leur multitude, n'ont pas été décrits par les Evangélistes.


Telle est la Samaritaine, qui plus tard reçut le nom chrétien de Photinie et qui sous Néron ceignit la couronne du Martyre, avec ses sept enfants, après de nombreuses tortures : ongles de fer, ablation des mamelles et des mains, pénétration des ongles par de minces roseaux, ingestion de plomb en fusion et toutes sortes d'autres supplices inouïs.


Il faut savoir que l'empereur Justinien fit transporter avec grands honneurs la margelle de ce puits jusqu'au Sanctuaire du Verbe de Dieu, je veux dire la grande église de Sa Sainte Sagesse. Il la fit placer sur le puits, ainsi que la pierre sur laquelle le Christ S'était assis pour converser avec la Samaritaine. L'une et l'autre s'y trouvent maintenant devant le narthex, à l'entrée orientale du temple, à gauche, guérissant toute maladie, quelle qu'elle soit, surtout les états fiévreux : pour qui grelotte de fièvre, elles sont un excellent remède.


Cette vie de Saints est tirée du :
"Triode de Carême", Diaconie Apostolique 1993

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Dimanche de l'aveugle de naissance

Dimanche 21 mai 2023

Une personne qui a perdu la vue peut se souvenir du monde qu'elle voyait auparavant. Quand il s’agit d'un beau lever de soleil, elle comprend de quoi on parle. Mais avec les aveugles de naissance, le monde ne pourra jamais partager ses multiples beautés. Il ne connaîtra pas le soleil ou le bleu de la mer, ni ne se réjouira du vert tendre de la forêt au printemps; le monde est peint d'une seule couleur – le noir de la cécité.

Qui a péché, cet homme ou ses parents (Jean 9 : 2), pour qu’il souffre étant prisonnier d'une obscurité terrible, sans espoir, sans fin? La réponse vient tout de suite: Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui (Jn 9 : 3).


L'aveugle-né est l'élu de Dieu. Par Sa providence, l'homme a traversé les longues ténèbres de la souffrance, afin que les œuvres merveilleuses de Dieu soient révélées à l’univers, pour que le monde entier, pas seulement les voisins, sache que le Christ est la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde (Jean 1 :9). Malgré l'inertie humaine, l'incrédulité, le fanatisme pharisien, un miracle se produit. L’aveugle acquiert la vue.


La cécité physique est effrayante, mais l'aveuglement spirituel est terrible. La vie sans Dieu est une philosophie de l'aveuglement qui devient une norme, une nécessité, un sens. Simone Weil, une philosophe française, a dit: ‟Tous les péchés sont des tentatives pour remplir les vides”. On essaie de remplir cet abîme avec l'alcool, la drogue, la luxure, les machines à sous, les plaisirs les plus sophistiqués ‒ mais il ne sera jamais comblé. Le vide exigera de plus en plus d’offrandes. C’est une jarre percée qui n'est jamais remplie, comme le dit saint Grégoire de Nysse (Éloge funèbre de l'impératrice Flacilla).


Acquérir la vue, c'est prendre conscience de son éloignement de Dieu. C'est voir la personne à côté de soi, sa souffrance et sa douleur, la beauté de son âme. C'est voir la volonté de Dieu dans tout ce qui arrive. C'est le désir de remercier le Créateur, comme l'a fait l’aveugle-né guéri par le Christ: Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui (Jean 9 :38)


Le chemin de l'aveuglement spirituel à la foi, l'amour, l'humilité, la gratitude est très difficile et long. C'est le chemin de notre vie. Nous devons remercier le Seigneur de nous avoir conduits à ce Siloé ‒ l'Église du Christ. Dieu seul peut nous délivrer de l'aveuglement, car, comme le dit le saint apôtre Jean le Théologien: Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui de ténèbres (1 Jean 1 : 5).


Par higoumène Tikhon (Borisov), le monastère d'Optina

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Ascension

Jeudi 25 mai 2023

Chers frères, chères sœurs,

Nous commémorons aujourd’hui l’Ascension de Jésus-Christ un évènement signifiant pour chacun d’entre nous. Nous glorifions sans cesse Son retour vers cet univers de gloire supra universel et prééternel dans lequel Il séjournait jusqu’à Sa manifestation en chair dans le Royaume où gouvernent le Père, le Fils et le Saint Esprit participant d’une même essence divine et inséparable.

Notre Seigneur Jésus-Christ est monté au Ciel, Il a élevé la nature humaine vers les profondeurs de la vie spirituelle et du Royaume éternel, et il s’agit bien de la chair et du sang de l’homme. Il est monté au Ciel en tant qu’homme, en tant que Jésus. Cet évènement, chers frères, chères sœurs, a pour nous une immense portée. Nous savons tous que notre passage sur cette terre est bref et que nos vies prennent des tournures bien différentes. Une chose reste immuable et valable pour tous : viendra un jour où nous quitterons ce monde et tout ce qu’il y a dans ce monde. Notre voie, notre Patrie, notre lieu véritables ne sont pas là, sur terre mais là où le Seigneur est allé. Dieu n’a pas créé l’homme pour qu’il souffre et pour qu’il périsse mais pour qu’il connaisse la gloire éternelle.


Il peut nous sembler qu’en montant au Ciel le Seigneur abandonne ses disciples et ses apôtres. Il n’en est rien. Avant Sa passion, lors de Son dernier entretien avec eux le Seigneur disait, - Je vais vous quitter mais vous ne serez pas orphelins car Je reviendrai vers vous. Le Seigneur Ressuscité est, en effet, revenu vers ses disciples. « Touchez moi et rendez vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai », écrit Saint Luc. Le Seigneur a rejoint ses disciples ni comme un esprit, ni comme un spectre mais comme un homme fait de chair. L’Ascension de Notre Seigneur n’a pas interrompu cette communion ! Les liens spirituels sont restés intacts. Cela aussi est une immense victoire car lorsqu’il nous faut nous séparer, lorsque nous ne voyons plus, ne pouvons plus sentir la présence physique de quelqu'un qui nous est cher cette privation est pour nous un grand malheur. Le deuil de nos proches, de nos aimés est pour nous une source de grandes souffrances. Nous prions pour leurs âmes immortelles et la prière fait que nous restons en communion avec nos défunts.

Etant monté au Ciel le Christ n’a pas abandonné ses disciples, nous chantons dans le kontakion de ce matin « Je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous ». Le Seigneur apparaissait à ses disciples et à ses apôtres ainsi qu’à ceux qui le suivaient, Il répondait à leurs prières, Il restait immuablement à leurs côtés. Des liens particuliers se tissèrent en Jésus et eux tous après qu’Il soit monté au Ciel. Ces liens ont subi une transfiguration lorsque le Saint Esprit est apparu à nouveau. Ces liens ont un nom et ce nom est « Eglise ».

Qu’est-ce l’Eglise du Christ ? Qu’est-ce la réunion des hommes à la gloire de Dieu ? Selon l’une des définitions l’Eglise du Christ est le Corps du Christ. Aussi, le plus important dans notre vie en Eglise est la communion au Sang et au Corps du Christ. Nous communions avec Dieu d’une manière immédiate lorsque nous sommes en Eglise, nous sommes avec Lui. Ceci est à la limite du compréhensible pour une personne non ecclésialisée.

La fête de l’Ascension est marquée par une présence eucharistique toute particulière car nous sommes témoins du mystère de la Communion avec le Corps du Christ. Du Corps même qui a été tourmenté sur la croix, qui a souffert. Et qui s’est élevé au Ciel dans la gloire. Lorsque nous communions, nous participons aux souffrances du Seigneur. Ainsi qu’à la gloire dans laquelle Il réside dans l’éternel Royaume de la sainte Trinité.

Tous nous devons, dans notre âme, notre esprit, notre cœur aspirer à gagner ce Royaume. Il nous faut chercher ce qui nous rapproche de Dieu, de sorte à éviter, dans le tumulte des jours, à fixer ce qui est au ras du sol. Pris par nos soucis, n’oublions jamais de lever les yeux au Ciel et d’élever une prière. Les pesanteurs du quotidien ne doivent pas nous servir d’alibi. Souvenons-nous des apôtres fixant le ciel, des anges vinrent pour leur dire « Galiléens, qu’êtes-vous là à fixer le ciel ? ». Or, ils ne pouvaient détourner leurs regards du Ciel que venait de joindre le Seigneur ainsi que du nuage qui L’avait emporté. Ce ciel, ces nuages n’étaient pas le ciel et les nuages que nous observons. C’était une porte ouverte donnant sur l’éternel Royaume des Cieux dont il est dit qu’il est hors du temps, hors de ce monde, que c’est le Royaume de la Grâce, de la lumière et de la béatitude éternelle. Il a été donné aux apôtres un regard et une connaissance fulgurants de ce Royaume.

Notre regard spirituel, chers frères et sœurs, nos regards spirituels doivent être tournés vers le Royaume des cieux.


Que le Seigneur nous permette a tous d’y accéder !
Amen

Source : https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Ascension-de-Notre-Seigneur-homelie-prononcee-par-Monseigneur-Nestor-eveque-de-Chersonese_a4299.html 

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Dimanche des Saints Pères du 1er concile

Dimanche 28 mai 2023

La fête des 318 saints Pères du premier Concile œcuménique de Nicée est attestée au dimanche qui suit l’Ascension dans le Typikon de la Grande Eglise de Constantinople du IXème siècle. Le choix de cette date correspond plus ou moins à celle de l’ouverture de ce premier Concile, lequel s’est tenu du 20 mai au 25 août 325. Sa fixation au dimanche qui suit l’Ascension s’est établie assez naturellement, puisque, comme le rappelle le Synaxaire de Nicéphore Calliste Xanthopoulos, « le Fils de Dieu est devenu homme en vérité, et l’homme parfait est monté au cieux comme Dieu et s’est assis à la droite de sa grandeur dans les cieux », les Pères conciliaires « l’ont proclamé ainsi, le confessant consubstantiel et partageant le même honneur que le Père ». Cette commémoraison avait semble-t-il primitivement été fixée au 29 mai (Ménologue de Basile) ; elle se célèbre le 9 novembre chez les Coptes & le 21 février chez les Syriens.


Réunis par l’Empereur Constantin lui-même pour régler les désordres graves provoqués par l’hérésie d’Arius, les 318 Pères du Concile se répartissaient entre 232 évêques & 86 prêtres, diacres & moines. Le pape saint Sylvestre Ier, déjà âgé, est représenté par Ossius de Cordoue et par deux légats. Arius et ses partisans sont excommuniés, le Concile déclare que le Fils est bien consubstantiel & coéternel au Père, dans une célèbre confession de la foi, qui complétée au Concile de Constantinople, deviendra notre Credo ou Symbole de Nicée-Constantinople. Voici le texte de la confession des Pères à Nicée : « Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, engendré du Père, c'est-à-dire, de la substance du Père. Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré et non fait, consubstantiel au Père ; par qui toutes choses ont été faites au ciel et en la terre. Qui, pour nous autres hommes et pour notre salut, est descendu des cieux, s'est incarné et s'est fait homme ; a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et viendra juger les vivants et les morts. Nous croyons aussi au Saint-Esprit. ».


Le Concile décide d’uniformiser la célébration de la date de Pâques au premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars. Il pose les premiers éléments juridiques des patriarcats de Rome, Alexandrie & Constantinople. Le dernier canon du Concile demande de supprimer les agenouillements les jours où l’on célèbre la résurrection à savoir les dimanches et durant la cinquantaine pascale.


Par les prières des trois cent dix-huit Pères saints & théophores, Christ notre Dieu, aie pitié de nous.

Source : https://schola-sainte-cecile.com/eglise-catholique-russe/pentecostaire/08-peres-nicee/08-peres-nicee.pdf

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