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Grand Carême

Dates du Grand Carême:

Du lundi 18 mars au samedi 5 mai 2024

Du lundi 3 mars au samedi 19 avril 2025

Du lundi 23 février au samedi 11 avril 2026

Introduction

Le Grand Carême est une préparation avant Pâques, qui est la plus grande fête orthodoxe. Cette période de purification du corps et de l'esprit permet de se préparer à la Résurrection du Christ.

 

Pendant le Grand Carême de nombreux aliments sont à éviter : viande, poisson, oeufs, fromage, huile, lait et vin notamment. Quelques dates marquent des pauses dans le jeûne : l'Annonciation et le dimanche des Rameaux pour le poisson, l'Annonciation et le Jeudi Saint pour le vin et l'huile.

Mais pour les croyants, le Carême ne consiste pas seulement à éviter de manger certains aliments spécifiques. L'essentiel est de ne pas «dévorer» moralement vos proches – c’est le moment de contenir votre colère et votre irritation.

 

Le but du Carême est de combattre vos passions afin de vous rapprocher spirituellement de Dieu. Même si vous ne pouvez pas vous limiter en nourriture, il est possible de diriger vos efforts vers de bonnes actions.

Thin twigs with small white flowers against blurry background of church interior iconostas

Conseil de Carême
Abstinence, simple et complexe

Higoumène Nektariy (Morozov)

Le carême implique nécessairement l'abstinence [la tempérance]. Et bien que beaucoup de choses aient déjà été dites et que beaucoup seront probablement encore dites, à savoir que la composante "gastronomique" du carême n'est pas la principale et encore plus la seule, elle est néanmoins disponible. Et cela provoque presque invariablement certaines pierres d'achoppement. Quelqu'un lui assimile une valeur absolue - et a tort. Et quelqu'un, au contraire, croit que ce n'est pas du tout important, et fait aussi une erreur. L'un, sans calculer sa force et non en accord avec l'état de son corps, s'efforce de jeûner aussi strictement que possible, en essayant de se conformer aux prescriptions de Typicon, et se retrouve ainsi sur un lit d'hôpital. Un autre, ayant une excellente santé et une grande force physique, est sincèrement convaincu qu'il ne pourra pas survivre à un jeûne "sans dispense de laitages".

Il est nécessaire, lorsqu'on jeûne, de suivre la voie royale : ne pas prendre sur soi des charges insupportables, mais ne pas oublier que le jeûne demande un effort.

 

Sans aucun doute, "Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat,…" (Marc 2: 26). Et de la même manière, l'homme n'est pas fait pour le jeûne, mais le jeûne pour l'homme. Par conséquent, pour le jeûne, il est nécessaire de suivre la voie royale, c'est-à-dire le juste milieu : ne pas assumer des fardeaux insupportables, ne pas jeûner plus strictement que les capacités du corps ne le permettent, mais ne pas oublier que le jeûne nécessite un effort [podvig], l'oppression de la chair, et cette oppression doit être ressentie nécessairement, sinon quel est le sens de cet exploit spirituel [podvig] ? Et je suis sûr que peu importe à quel point les gens sont raisonnables, peu importe à quel point nous sommes sains d'esprit, et plus corrects, un chrétien, se préparant à jeûner, consulte son confesseur sur tout, y compris sur son  côté dit gastronomique.

Pourquoi l'abstinence est-elle toujours si importante ? L'homme, par sa nature même, aspire naturellement au bien-être. Mais dans un état de chute, nous idées sur ce qu'est exactement ce bien-être sont considérablement déformées, et le plus souvent, nous considérons la satisfaction de nos passions comme "bonne" - peut-être pas de manière flagrante et évidente, mais subtile et discrète. 

Cependant, tout est interconnecté, et sans ascèse pour éradiquer une passion, nous nous retrouvons naturellement sans défense devant une autre passion. Et l'abstinence de nourriture devient une sorte de base, la première et la plus simple expérience d'abandonner ce qui nous donne du plaisir - pas pécheur, tout à fait innocent. Mais c'est ce refus, volontaire, non forcé, qui nous aide à renforcer au moins légèrement notre volonté, nous donne, d'une part, une idée de la dépendance réelle de notre chair et de ses désirs, et d'autre part, qui nous permet d'affaiblir considérablement cette dépendance.

L'homme en jeûnant, refuse pour l'amour de Dieu, pour son bénéfice spirituel ce qui lui plaît, refuse ce dont il peut se passer en principe, mais en même temps, il lui est difficile de s'en passer. Et il ne le fait pas par son propre arbitraire, mais par obéissance à l'Église, en essayant, dans la mesure du possible pour lui d'aborder le respect des exigences des prescriptions de l'Eglise. Ce faisant, il peut, comme le psalmiste, dire dans la prière : "Vois l'état si humilié et humble où je me trouve et remets-moi mes péchés" (Psaume 24, 18) - si, bien sûr, non seulement il s'humilie devant les prescriptions du Typicon, mais qu'il pense humblement à son jeûne - et non pas comme à une haute vertu.

Cependant, pouvons-nous penser que tout ce qui a été dit épuise et clôt le sujet de l'abstinence ? Après avoir déterminé la mesure du jeûne corporel et pris la bonne attitude à son égard, avons-nous accompli tout ce qui concerne l'abstinence ? Bien sûr que non.

L'homme moderne est principalement un consommateur. L'esprit du consumérisme a pénétré profondément dans nos cœurs - si profondément qu'il est difficile pour nous de ne pas avoir une attitude consumériste non seulement dans le monde dans lequel nous vivons, envers les gens, mais aussi envers Dieu : nous attendons constamment quelque chose du Seigneur, exigeons quelque chose, et ne l'obtenant pas, nous sommes offensés et nous maugréons contre Lui.

Et l'abstinence est le meilleur moyen de déclarer la guerre au consommateur soi. L'oppression de vous-même dans la nourriture est, je le répète, limitée. Nous nous souvenons probablement tous de l'âne de Nasr Eddin Hoda, qu'il avait habitué à la mortification de la chair : chaque jour, Hodja réduisait la mesure de nourriture qui lui était destinée, jusqu'à ce que finalement, en arrivant à l'écurie, il voit l'âne étendu sur le sol, sans souffle. Mais voici l'abstinence de ce que nous consommons avec excès, de ce qui n'est en aucun cas nécessaire ou simplement nocif pour nous - là, nous avons un champ vraiment immense pour l'ascèse.

En voici quelques exemples. Nous tous, même si le Seigneur ne nous a pas dotés du don de l'éloquence, nous péchons beaucoup avec notre langue. Et en particulier, notre coutume de parler sans réfléchir, sans se méfier, de dire plus que nécessaire. Si nous décidons de nous limiter à jeûner au moins un peu dans les conversations inutiles, si nous décidons de ne pas parler sans réfléchir, si nous décidons de ne pas prononcer ce que notre conscience indique clairement qu'il n'est pas nécessaire de faire - nous obtiendrons de grands profits, et une telle tempérence sera très louable.

Combien d'informations superflues une personne moderne consomme-t-elle ! Il s'écoule en nous avec un flux incontrôlé à partir d'écrans de télévision, de moniteurs d'ordinateur, de réseaux sociaux, de haut-parleurs de nos radios et de radios de voiture. Nous en sommes surchargés, notre système nerveux ne peut pas résister à une telle abondance de stimuli, et l'esprit n'est pas capable d'analyser et d'évaluer pleinement tout ce que nous voyons et entendons. Et la Parole de Dieu, si nécessaire pour notre âme, disparaît dans toute cette multiplicité de nouvelles, d'histoires, de rumeurs, dans la diversité de la vidéo et de la séquence de photos, comme la même graine de la parabole évangélique - dans les épines. C'est pourquoi il est clair que la restriction de l'information, le contrôle sur celle-ci, une sorte de "jeûne informationnel" est une composante obligatoire de l'ascèse [podvig] du Carême, sans laquelle nous ne réussirons rien.

Il existe un phénomène de la réalité d'aujourd'hui, le shopping. Quelque chose ne va pas dans la vie, les problèmes vous tourmentent, votre âme est lourde - que devez-vous faire dans cette situation ? C'est exact - faire du shopping ! L'achat permet de se ressourcer, d'améliorer son humeur, d'augmenter le tonus vital, d'oublier les difficultés et les contradictions, de se réjouir, d'espérer le meilleur, de ne pas s'ennuyer et de ne pas arriver au point de se dire qu'il est temps d'aller faire du shopping à nouveau! Et tant pis si cette "recette magique" n'était accessible qu'à ceux qui ont beaucoup d'argent! Aujourd'hui, il existe une chose aussi magique que la carte de crédit : l'argent n'a pas seulement disparu - vous êtes vraiment endetté jusqu'au cou, mais vous avez encore une merveilleuse possibilité - celle de continuer à faire du shopping, puis, en vous réjouissant un peu, de sombrer dans la tristesse du fait que l'on ne sait absolument pas comment rembourser l'emprunt et payer en plus les intérêts. S'abstenir d'achats superflus, inutiles, d'achats en guise de divertissement est l'exercice spirituel le plus important pour l'homme moderne. En le faisant, il renforce sa volonté, se débarrasse de nouvelles raisons de se sentir triste (à cause d'un énième gaspillage) et économise l'argent qui peut l'aider à acheter quelque chose de vraiment nécessaire ou même à aider quelqu'un dans le besoin.

L'abstinence - ce type d'abstinence totale - donne à l'âme une force et une liberté extraordinaires.

Je pense que tout le monde sera en mesure d'y parvenir s'il examine de près sa vie, et essaie de comprendre ce qui, dans celle-ci, saute littéralement dans son  "panier"[lors des courses], dont il est temps de se libérer. Le tempérance - telle, complète - donne à l'âme une grande force et liberté, donne la possibilité de voir la réalité complètement différemment, sans se fixer sur le fait que littéralement tout en elle est un objet de consommation.

Et ce n'est pas suffisant. Elle libère au moins un petit coin dans nos cœurs pour commencer par ce qui devrait idéalement le remplir : pour le contenu spirituel qui, en fait, est la vie - dans un sens véritable, rt non déformé.

C'est le premier fruit, vraiment important, du jeûne - le bon jeûne, celui qui est pratiqué dans l'esprit.

Source : orthodoxologie.blogspot.com

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Comment faire pénitence ?

Pénitence et conversion

L’appel à la pénitence résonne continuellement dans la Bible et dans l’Église. La plupart des prières fixes que nous utilisons chaque jour ont un caractère pénitentiel. Le saint Évangile, par la bouche du Précurseur du Christ, le Baptiste Jean, et par celle du Christ Lui-même, Dieu en personne devenu homme, commence par ces paroles : « convertissez-vous ! » Se convertir, c’est changer sa mentalité ; c’est également changer de comportement, renoncer de façon radicale aux péchés que l’on a pu commettre. Tous les saints donnent l’exemple de la pénitence et l’enseignent.

L’enseignement des Pères ascétiques

Mais, comment s’y prendre ? – importante question ! Y a-t-il une méthode ? – tous peuvent lire les écrits des saints confesseurs de la vraie foi, par exemple les Écrits ascétiques de saint Dorothée de Gaza ou ceux de saint Isaac le Syrien. La plupart des fidèles et des prêtres de l’Église peuvent approcher de saints ascètes et les interroger sur cette question. Ce qui ressort globalement de l’enseignement des saints peut être condensé en quelques thèmes.

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Accepte les humiliations

En premier lieu, nous pouvons faire pénitence en acceptant toutes les contrariétés et les humiliations comme une juste rétribution de nos fautes. Nous avons l’exemple de Job le Juste, qui ne se se révolta pas quand il fut mis à l’épreuve. Nous avons également celui du Bon Larron qui, mis en croix à côté du Sauveur, disait :  » Pour nous c’est justice ». Celui qui subit les injustices comme justes est déjà vainqueur du péché et de la mort. Le Christ Sauveur a donné de cela un exemple éblouissant quand, sur la Croix, Il subit sans se plaindre, sans se révolter, sans se défendre et sans se justifier, Lui l’Innocent par excellence, l’injustice suprême et l’humiliation venue des ennemis. Le Seigneur nous a montré la voie du repentir, Lui notre Maître et notre Dieu.

Fuis les occasions de pécher

Ensuite nous faisons pénitence en renonçant à tout ce qui de près ou de loin a une complicité avec nos fautes. L’alcoolique ne garde chez lui pas la moindre goutte d’alcool. Le pécheur fuit tout ce qui un rapport avec ses fautes, car le péché est une addiction. Il fuit les lieux, les lectures, les propos, quelquefois les personnes, surtout celles qui, par leur conversation, pourraient le faire tomber à nouveau dans le péché. Celui qui se repent d’avoir jugé un frère fuit la fréquentation de ceux qui disent du mal d’autrui.

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Exerce-toi à faire le bien

Comme le dit David en son psaume : « éloigne-toi du mal et fais le bien ! » (PS. 33, 15), ce que reprend Dorothée de Gaza. Il ne suffit pas de fuir le mal ou la fréquentation des artisans du mal ; nous sommes appelés à faire le bien, c’est-à-dire la volonté de Dieu. Celui qui fait le bien s’éloigne du mal, car le mal est un moindre bien, la perversion ou le contraire d’un bien ou encore une relative absence de bien. Le repentir, ou changement radical de pensée et de comportement,  consiste à faire la volonté de Dieu, comme le dit encore David : « enseigne-moi à faire ta volonté ! » (Ps. 142). Le jardinier ne se contente pas d’arracher les mauvaises herbes : il sème ou plante à leur place des semences et des herbes nouvelles. Il connaît le repentir, celui qui remplace les péchés par les œuvres correspondantes agréables à Dieu.

Garde-toi des pensées

Faire pénitence, consiste ensuite dans la vigilance à l’égard des pensées. Le disciple de Jésus Christ s’exerce tous les jours à ne pas laisser entrer dans son esprit, dans son âme et, à plus forte raison, dans son cœur, des pensées ou des suggestions perverses. Le veilleur garde la ville. Le disciple garde son cœur. Le veilleur lutte contre le sommeil et la négligence par des chants guerriers. Le disciple lutte contre la torpeur de l’âme par les psaumes lus à haute voix et par la prononciation incessante du Nom de Jésus, Nom suprême de Dieu. La vigilance est soutenue efficacement, non seulement par la prière vocale ou silencieuse, mais encore par le jeûne corporel. Le corps est, non pas l’ennemi, mais l’allié de l’âme ; les ennemis de l’âme sont incorporels (Ps. 3).

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Souviens-toi de tes fautes passées

La pénitence n’est pas encore atteinte à ce niveau. C’est le souvenir de nos fautes qui va nous aider. Ce souvenir doit être détestable. Faire pénitence, c’est détester le péché. Comment acquérir la haine du péché, sauf en se les remémorant, sans imagination toutefois, et en évaluant toutes leurs conséquences sur nous et sur autrui. Celui qui pense à ses péchés avec horreur, se sent à la porte de l’enfer, et, dans son horreur des fautes qu’il a commises, il éprouve jusqu’à la nausée. Quelquefois, si Dieu l’accorde, il se lamentera avec des larmes, considérant par quelle folie il s’est lui-même privé du bonheur en Dieu.

Rends grâce à Dieu pour tous et pour tout

La racine de la pénitence, ou du repentir, est souvent la glorification continuelle de Dieu et la louange de sa Mère très pure et de tous ses saints. Par la louange, l’esprit et le cœur du disciple, rigoureusement associés, éprouvent un tel émerveillement devant Dieu et devant ses saints, que la seule pensée de ses péchés lui fait verser des larmes de désolation. Sauf quelques justes comme la Mère de Dieu, le Précurseur, peut-être Jean le Théologien, le disciple connaît la consolation par la désolation.

The believer man collects donations in the church. Benefactors puts metal money on the hol

Servir les pauvres

Pensons également que ce qui ouvre notre cœur à la pénitence, c’est de nous dévouer aux pauvres et à tous ceux qui souffrent. Le Christ nous en a montré la voie quand Il a lavé,  Lui le Créateur, les pieds de ses disciples, quand Il a soigné les yeux de l’aveugle ou quand Il a redressé par sa seule parole et à distance la femme qui était courbée et qui ne pouvait plus regarder le ciel. L’amour des pauvres garde le disciple de retourner aux péchés de sa jeunesse.

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Prière de Saint Éphrem Le Syrien

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* * *

Seigneur et Maître de ma vie, l’esprit d’oisiveté, de découragement, de domination et de vaines paroles,
éloigne de moi.


L’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et de charité, accorde à ton serviteur.
 

Oui, Seigneur et Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car tu es béni aux siècles des siècles. Amen.

* * *

Cette prière est en usage dans l'Église orthodoxe durant le Grand Carême. Résumant le plus simplement l'esprit du carême, elle est, de ce fait, la prière du Grand Carême par excellence, récitée à tous les services de semaine comme en privé.

Découvrez dans cette vidéo une explication de la prière de Saint Éphrem d'après l'ouvrage Le Grand Carême, de Alexandre Shmemann, aux Éditions du Cerf, 2019: 

Image de Priscilla Du Preez

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Image de Timothy Hales Bennett
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